Des chercheurs de l'université technologique Chalmers en Suède ont mis au point une nouvelle approche utilisant le biochar pour atténuer les risques de contamination des sols par le DDT. Cette avancée pourrait revitaliser les terres en jachère et offrir de nouvelles opportunités agricoles.
La pollution des sols par le DDT continue de sévir dans de nombreuses régions du monde, mais une nouvelle méthode prometteuse mise au point par des chercheurs de l’Université de technologie de Chalmers pourrait révolutionner la gestion des terres contaminées. En incorporant du biochar dans le sol, l’équipe a considérablement réduit les risques écologiques posés par ce pesticide persistant, ouvrant la voie à une utilisation plus sûre et plus productive des terres touchées.
« Le biochar lie efficacement le DDT, de sorte qu'il n'est pas absorbé par les organismes du sol », a déclaré le premier auteur Paul Drenning, chercheur postdoctoral au département d'architecture et de génie civil de Chalmers, dans un communiqué. communiqué de presse.
Cette approche innovante a été testée dans une pépinière contaminée au DDT dans le sud de la Suède, où le biochar mélangé au sol a réduit de moitié l’absorption du DDT par les vers de terre.
Un problème persistant
L’utilisation généralisée du DDT au milieu du XXe siècle pour lutter contre les parasites dans l’agriculture et la foresterie a laissé un héritage toxique.
Bien que le DDT ait été interdit il y a plus de 50 ans, ses résidus persistent dans les sols, ce qui pose des risques écologiques importants. La toxine s'accumule dans la chaîne alimentaire, affectant les prédateurs supérieurs et menaçant la biodiversité.
« Traiter de grandes quantités de sols contaminés est coûteux et compliqué. Une solution courante consiste à extraire le sol et à le transporter vers une décharge pour déchets dangereux, mais cela signifie détruire des sols de bonne qualité et ce n’est pas une solution raisonnable pour les grandes zones contaminées », a ajouté Drenning.
Comment fonctionne le biochar
Le biochar, un matériau durable similaire au charbon de bois, est produit par incinération de déchets organiques dans un processus sans oxygène appelé pyrolyse. Il est connu pour sa capacité à lier les contaminants et à améliorer la santé des sols.
Le biochar stabilise non seulement le DDT, mais améliore également la fertilité du sol en retenant l'eau, l'air et les nutriments, ce qui en fait une solution écologique.
Au cours d'une expérience sur le terrain d'une durée de trois ans, les chercheurs ont constaté que le biochar réduisait de 50 % la biodisponibilité du DDT, diminuant ainsi considérablement l'absorption de la toxine par les organismes du sol. Ce changement pourrait atténuer l'effet domino de la bioaccumulation tout au long de la chaîne alimentaire.
Potentiel futur
Les implications de cette recherche sont vastes.
L’utilisation du biochar pour le traitement des sols pourrait permettre d’utiliser en toute sécurité des terres auparavant considérées comme dangereuses pour la culture de cultures telles que le foin pour l’alimentation animale, les plantes bioénergétiques comme les saules et même les efforts de reforestation avec des jeunes arbres de pin et d’épinette.
« Le traitement au biochar sur place pourrait ainsi rendre le terrain utile au lieu d'être laissé en friche ou dégradé, et également à un coût nettement inférieur pour le propriétaire foncier et pour l'environnement », a ajouté Drenning.
Impact environnemental à long terme
Les taux de décomposition lents du biochar signifient que ses effets bénéfiques pourraient durer des décennies, offrant ainsi une solution à long terme aux problèmes de contamination des sols.
L'étude, publié dans la revue Science of The Total Environment, fait partie d'une initiative plus vaste visant à évaluer la santé des sols et les stratégies d'assainissement, en s'alignant sur la future loi sur la surveillance des sols de l'Union européenne, qui vise à ce que tous les sols soient en bonne santé d'ici 2050.
« Il existe un grand intérêt pour l’utilisation du biochar pour la stabilisation du DDT et de divers autres contaminants dans les sols », a ajouté Drenning, soulignant l’applicabilité plus large de leurs découvertes.
Vers un avenir durable
Cette recherche illustre les mesures innovantes prises pour lutter durablement contre les problèmes de pollution historiques. En transformant les terres contaminées en terres fertiles, la technologie du biochar offre de l’espoir non seulement pour la santé environnementale, mais aussi pour la résilience agricole et la sécurité alimentaire dans les régions touchées.
Le sol étant une ressource vitale mais qui se régénère lentement, cette avancée ouvre de nouveaux horizons pour la gestion des terres, revitalisant des terres longtemps laissées en jachère en raison de l’héritage toxique du DDT.